Interview croisée de RFI au SG l'un et au SG du PDG
AMO alerte à nouveau le monde et le peuple Gabonais
André Mba
Obame, le 6 juin dernier à l’issue des législatives partielles vous avez
reconquis votre siège de député êtes vous satisfait ?
«Oui absolument, vous savez toute élection est toujours incertaine donc je me
suis battu et malgré les tentatives de fraudes et d'intimidation, tout ce qui a
été mis en place par le pouvoir pour m'humilier, parce que c’était ça
l’objectif. Mais les populations de chez moi m'ont renouvelé massivement leur
confiance; je les remercie pour ça.
Alors ce jour là il y avait cinq partielles, l’opposition a gagné deux
sièges à la Chambre en votre bénéfice et à celui de Jean Eyeghé Ndong. En
revanche elle en a perdu trois, et Casimir Oye Mba a donc été battu. Est-ce que
vous êtes déçu ?
Ecoutez, je suis déçu par le comportement du pouvoir en place, avant le 6 juin
l’Union nationale et l’opposition, l’ACR, on avait attiré l’attention sur les
fraudes qui se préparaient. On nous disait qu’on exagérait et que c’était des
élections sans enjeux et que le pouvoir ne trouvait pas l’utilité d’aller
jusque là, mais tout le monde reconnait que effectivement à Ntoum, à Mulundu,
et à Bendjé il y a eu beaucoup des fraudes, d’énormes fraudes, même de nature
inconnue jusque là : falsification massive des faux récépissés des cartes
d’identité pour faire voter de faux électeurs. Tout le monde sait maintenant
que le PDG ne peut pas gagner d’élections au Gabon sans frauder.
Mais tout de même un ancien ministre de l’Intérieur comme vous sait bien
qu’il est plus difficile de frauder dans une élection locale que dans une
élection nationale non ?
Oui mais c’était cinq partielles, donc vous pouvez déplacer massivement des
populations d’un siège à un autre en leur donnant des fausses pièces
d’identité. Ce qui est difficile lorsqu’il y a 120 sièges en jeu le même jour.
Mais bon il y a trois recours, donc on attend que la Cour dise enfin, je dis
bien, enfin, le droit.
A la lumière de ces partielles, que faut-il faire pour que les législatives
de la fin 2011 soient transparentes ?
Il y a beaucoup de choses à revoir. Nous avons nous, demandé une révision profonde
du Code électoral (…) La loi sur la biométrie a été votée, qu’on introduise les
données biométriques dans la confection des listes électorales, les cartes
d’électeurs. Nous l’avons dit au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, nous
avons rencontré l’ambassadeur de France, l’Union européenne… nous leur disons
que tout doit être fait pour que les élections de 2011 soient transparentes
sinon elles n’auront pas lieu, ça c’est clair ! Parce que les Gabonais sont
fatigués d’aller voter et que leur vote ne soit pas pris en compte. Et vous
savez très bien que lorsque les populations ne croient plus au bulletin de
vote, ils cherchent d’autres moyens, or nous ne devons pas en arriver là. C’est
pour cela que 2011 est l’élection de la deuxième chance.
Alors quand Ban Ki-Moon est passé chez vous le 1er juillet, vous lui avez
remis un mémorandum très sévère contre Ali Bongo. Vous accusez le président
d’avoir confisqué le pouvoir et vous le mettez en garde contre la colère des
citoyens, mais n’y a-t-il pas des efforts de sa part notamment dans le domaine
économique ?
Ce que l’on remarque c’est qu’il y a une gestion calamiteuse des deniers
publics. Vous êtes en France, vous savez ce qui se dit : des achats d’hôtel
particulier à 100 millions d’euros, c’est inimaginable. Même le président Bongo
n’a pas été aussi loin.
Vous savez ce que le Pouvoir répond, grâce à cet hôtel particulier les
ministres de passage en France ne seront plus obligés d’aller à l’hôtel à
grands frais.
Donnez-moi un exemple d’un pays qui ait un hôtel particulier en France où les
ministres et les hauts fonctionnaires de passage sont logés ! Ca ne se passe
pas comme ça et ça ne se passera pas comme ça. De toutes les façons les
opérateurs économiques au Gabon vont vous dire, la dette privée n’est pas
payée, les entrepreneurs attendent d’être payés, on nous dit qu’il n’y a pas
d’argent et pendant ce temps-là, on voit effectivement des dépenses à grands
frais. Vous voyez l’industrie forestière, en 2009 une décision abrupte,
irréfléchie, brutale, est prise pour arrêter les exportations du bois et tout
le secteur forestier est maintenant sinistré.
Alors il y a des projets, notamment l’électricité dans le Woleu-Ntem chez
vous, pour l’eau potable à Libreville, l’éducation. Est-ce que ce n’est pas du
concret ça ?
Vous me parlez d’électrification du Woleu-Ntem. Vous savez, ce Pouvoir ce
caractérise par des effets d’annonces. Depuis huit mois, les Gabonais ont
assisté à une avalanche d’annonces. Et d’ailleurs, le journal le quotidien
L’Union a fait dernièrement un récapitulatif sur les mesures annoncées depuis
huit mois et qui n’ont pas connu de début d’exécution. C’est impressionnant,
actuellement le climat est à la désillusion totale.
Alors, tout de même le régime a décidé de recenser les fonctionnaires pour
distinguer les vrais des faux, est-ce qu’il n’y a pas une vraie lutte contre
les gabegies des années passées ?
Mais vous avez les résultats ? Ca c’est un serpent de mer ! Qu’on nous donne
les vrais résultats du recensement. Là on ne fait que différer la publication
des résultats. Aujourd’hui, personne ne peut vous dire exactement le nombre de
fonctionnaires fantômes.
Alors monsieur Mba Obame, monsieur Ali Bongo et vous avez été de très bons
amis. Depuis la présidentielle du mois d’août c’est la rupture, est-ce que vous
vous êtes revus ces derniers temps ?
Non, monsieur Ali Bongo et moi, nous ne nous sommes pas revus, il n’y a pas
urgence à ce qu’on se voit. Mais lui, il sait l’acte qu’il a posé, c'est-à-dire
le coup d’état électoral, il en connait les conséquences. Aujourd’hui, sur la
vie de tous les jours des Gabonais, on est assis sur un volcan qui peut entrer
en éruption à tout moment. Les Gabonais sont des gens patients, mais il ne faut
pas en abuser. Je compte sur lui parce que je sais que quelque part, c’est
quelqu’un qui aime son pays. Alors qu’il fasse ce qu’il faut pour éviter que
les Gabonais continuent à subir la situation explosive que nous connaissons
aujourd’hui».
Réponse de
Faustin Boukoubi à AMO.
André Mba
Obame vient de retrouver son siège de député à la faveur des dernières
législatives partielles du mois de juin dernier, mais il dénonce des fraudes et
des intimidations lors de ce scrutin. Qu’avez-vous à lui répondre ?
«Monsieur Mba Obame parle de fraude en affirmant que le PDG ne peut jamais
gagner une élection sans frauder. Je voudrais dire à cet effet, que c’est bien
là un aveu de sa part, de ce qu’il n’a jamais gagné une seule élection pendant
qu’il était au PDG, il aurait donc volé toutes les victoires qu’il a
engrangées. Il devrait donc pour cela, à mon avis, présenter des excuses aux
populations du Gabon, de Medouneu en particulier, et à ses adversaires. Nous
savons tous simplement que nous avons respecté la légalité, nous avons organisé
des élections transparentes, et le Secrétaire général de l’ONU qui était
récemment de passage à Libreville l’a reconnu. Il s’agit donc là
d’affabulations qui ne méritent pas d’attention de notre part.
Monsieur Mba Obame a été ministre de l’Intérieur. Est-ce qu’on ne peut pas
imaginer qu’il est bien placé pour savoir ce qui se passe à l’intérieur de la
machine électorale ?
Justement, tout au long de la campagne électorale de la présidentielle, il a
déclaré qu’en tant qu’ancien ministre de l’Intérieur, il avait emporté par
devers lui la clé de la fraude. C’est probablement grâce à cette clé là qu’il a
eu le dessus récemment à Medouneu.
Est-ce que vous diriez que depuis son départ du ministère de l’Intérieur en
2009, les méthodes ont changé au ministère ?
En ce qui nous concerne, nous nous efforçant d’améliorer le fonctionnement des
services chargés d’organiser les élections. Nous nous sommes aperçus que de son
temps, il y avait des manipulations qui étaient faites, notamment de la liste
électorale. Et le ministère de l’Intérieur va s’atteler à clarifier tout cela.
Mais est-ce qu’ en quelques mois on peut changer des méthodes et des pratiques
ancrées dans un ministère, dans une administration locale ?
Ce qui a changé déjà, c’est les pratiques liées aux hommes. Nos camarades qui
utilisaient la fraude à outrance n’étant plus là, il y a déjà des changements
de méthodes, donc cela ne méritait pas des années. Les camarades font plus
preuve de probité, et naturellement, ça va vite dans le sens du changement.
La prochaine échéance électorale c’est en 2011 avec des législatives. Alors
qu’est-ce qui doit être en priorité amélioré selon vous ?
Il y a beaucoup de choses à améliorer notamment le comportement des individus,
et là, nous nous félicitons de ce que ceux qui avaient des élans de fraudes se
trouvent déjà de l’autre côté. Pour nous, il y a que nous devons réviser les
listes électorales et pour cela le Parlement vient d’adopter la loi sur la
biométrie.
Vous êtes donc vous aussi, comme monsieur Mba Obame, favorable à
l’introduction de données biométriques dans la confection des listes
électorales
Oui ! Eux, ils pensent qu’ils ont l’exclusivité de l’amour de la transparence à
travers la biométrie. Nous même nous y tenons, parce que la clé dont il parle
consistait à manipuler en leur faveur le fichier d’état civil et le fichier
électoral. Ils apprendront à leurs dépens que la transparence ne leur profite
pas.
Faustin Boukoubi, est-ce que les critiques formulées par André Mba Obame et
plus largement l’opposition sont totalement infondées, ou est-ce qu’il est
envisageable que le président Ali Bongo les entende, décide de les prendre en
compte ?
Je dirai d’abord que le président Ali Bongo Ondimba, au lendemain de son
investiture, a réaffirmé qu’il tendait la main à tous les compatriotes désireux
d’apporter leur contribution à la construction du Gabon. A ce titre, il est à
la disposition des opposants, pour recevoir leurs contributions, leurs avis. Ce
sont eux-mêmes qui s’autocensurent, ils préfèrent faire obstruction, alors que
ce que les Gabonais attendent c’est que nous puissions agir ensemble. A ce
sujet j’ai entendu dire par notre frère, aujourd’hui adversaire politique, que
quelque part il sait qu’Ali Bongo aime son pays. André affirme par là deux
faits : le premier c’est qu’Ali aime son pays. Il disait le contraire il y a
encore quelque mois, pendant la campagne électorale, c’était de bonne guerre,
il voulait tromper les Gabonais pour attirer leurs suffrages. Mais la seconde
affirmation, la plus importante, c’est qu’Ali est bel et bien Gabonais. Nous ne
pouvons que prendre à témoin le peuple gabonais et la communauté internationale
qu’ils ont trompés des mois durant, en essayant de leur faire croire qu’Ali
n’était pas un Gabonais. Je l’en remercie infiniment».